Depuis les sommets de Desol

Son yatagan demeurant dans son fourreau pendant dans le vide, le pommeau orienté vers le visage du spadassin, traduisant l'anxiété, alors que le Soleil l'illuminait ainsi que les plaines s'étendant sous ses yeux, Femesch observait depuis le sommet d'une tour dominant la cité décadente et les terres sabloneuses environantes l'astre diurne, et tentait de discerner par delà ses rayons, les contours invisibles des hautes demeures de Fave, alors que l'observant paisiblement le faucon qui l'accompagnait ne semblait détacher son regard de celui de son maître. Quelques piaillements de l'oiseau de proie menèrent l'assassin à déporter son regard vers l'animal, avant de ne faire surgir la lame siégant dans son gantelet, et après en avoir observé le fil descendre de son point d'observation, chutant et se rattrapant aux creneaux pour amortir sa chute, jusqu'à ce qu'il put enfin effleurer le sol, en y tombant assez lourdement pour que les badauds y accordent un regard, et pour certains un léger sourire, qui se dérobait à mesure que les pas du spadassin s'approchaient des railleurs, peu enclins à risquer de croiser le fer avec un individu aussi sombre arborant les vêtements de Tallin. Marchant à pas mesurés quelques mètres, entrant sous une 'bâtisse' se résumant à quelques paillasses élevées par des pilotis pour abriter quelques canassons et l'homme qui en faisait le négoce, l'assassin vint vers ce dernier, le toisant alors que seul son dos lui apparaissait.
"Eh, toi, palefrenier. Donne-moi une monture."
L'homme que l'assassin interpelait se retourna, mais signifia son désaccord d'un hochement négatif de tête, qui ne manqua de surprendre Femesch. Effectuant quelques pas, l'assassin apposa sa main sur l'épaule du palefrenier, feignant la camaraderie, mais la pressa avec force en un point qui fit mettre le négociant à terre, entravé par la douleur et la surprise, jusqu'à ce que, effectuant un vif mouvement de poignet ne permettant qu'à peine d'entrevoir une pointe affutée jaillissant sous les rayons solaires, celle-ci vint se loger dans l'échine de l'homme, qui, genou à terre, mourut sur le coup, ses yeux se révulsant dès que l'acier eut pénétré sa chair, et sa dépouille s'effondrant lentement au sol, sans qu'aucun regard ne puisse se porter sur son corps tant son étable était peu accessible aux badauds, de vue s'entend. Ne jetant pas même un regard au palefrenier dont la puanteur serait aisement dissimulée par celle qui se dégageait déjà de son échoppe, Femesch s'approcha de la monture que l'homme sellait lorsqu'il avait pénétré dans l'échoppe, et mettant le pied à l'étrier sortit au trot de celle-ci, puis ne déambulant plus longtemps dans les ruelles de la ville, renversant toutefois au passage un bandit sur lequel il apposa en guise de mise en garde la pointe de son épée pour lui signifier de ne pas riposter, et partit, le faucon planant au-dessus de lui et son cheval, chevauchant aussi rapidement que le sable lui permettait dans le désert, prompt à se rendre à Fave, en passant par une oasis toutefois, le chemin s'averant assez long pour ne pas prendre cette précaution.